par
T. Austin-Sparks
Publié et édité pour la première fois par Harry Foster dans le magazine « Toward the Mark », janvier-février 1976, vol. 5-1. Source : Christ the Power of God. (Traduit par Paul Armand Menye).
«Mais pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grecs, Christ est la puissance de Dieu... » (1 Corinthiens 1:24).
« Car je n'ai rien voulu savoir d'autre parmi vous que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié » (1 Corinthiens 2:2).
À bien des égards, l'explication selon laquelle Christ est la puissance de Dieu réside dans le fait qu'Il est Christ crucifié. Cette deuxième référence de Paul à l'importance qu'il accorde à Christ crucifié est immédiatement liée au rappel que Christ est la puissance de Dieu et en grande partie l'explication de celle-ci.
Tout le sujet de la puissance spirituelle est très important. Tant de Chrétiens se trouvent engagés dans une lutte constante pour vivre selon ce qu'ils savent être la norme de Dieu. Pour eux, le Chrétienté est un mode de vie composé de diverses règles et réglementations. Ils savent ce qui doit être et ce qui ne doit pas être, et ils luttent donc pour atteindre ce niveau de vie. Leur conscience joue un grand rôle dans cet effort constant, et c'est pourquoi ils souffrent de nombreuses craintes et ne parviennent pas à connaître les joies promises. La vie est devenue pour eux une entreprise pénible, pleine de déceptions et d'échecs. Ils peuvent parfois avoir un sentiment d'accomplissement et de réussite, avec beaucoup de joie, mais avec les fluctuations émotionnelles de l'âme, les choses semblent s'effondrer et aller de travers. C'est ainsi que les gens trouvent la vie chrétienne pesante ; ils aspirent à connaître la véritable victoire, la véritable délivrance et la joie du Seigneur, alors qu'ils connaissent les hauts et les bas d'une lutte constante. La vie Chrétienne décrite dans le Nouveau Testament semble si différente de leur expérience réelle que le diable ne tarde jamais à intervenir avec ses suggestions selon lesquelles une vie de victoire constante est tout à fait impossible, de sorte que tous leurs espoirs ne sont que des rêves irréalisables. Satan veut que le peuple de Dieu désespère de connaître Sa puissance.
Mais il existe une vie tout à fait différente, différente parce qu'elle est fondée sur l'entrée dans quelque chose qui est déjà accompli en Christ ; non pas quelque chose à atteindre, mais plutôt quelque chose qui a déjà été accompli. Ce n'est pas une norme à respecter, mais une Personne avec laquelle il faut vivre. Il est impossible de mesurer l'énorme différence entre ces deux types de vie. La première est une vie d'efforts personnels et de défaites, tandis que la seconde consiste à jouir de la réalité de Christ, la puissance de Dieu.
Nous devons nous garder de penser en termes de doctrines avancées ou spéciales. L'enseignement scripturaire n'est pas compartimenté ou sectoriel. Nous entendons parfois parler de « vérité supérieure » ou d'« enseignement avancé », comme s'il y avait quelque chose de spécial réservé à quelques-uns. D'où l'idée d'une « vie supérieure » avec un « enseignement supérieur », par opposition à une simple foi, satisfaite du « simple évangile ». Je tiens à contredire très fermement une telle notion. Où que vous regardiez dans le Nouveau Testament, vous ne trouverez jamais aucun soutien à cette idée. Il est vrai que nous devons répondre à l'appel des vainqueurs, mais il est certain que le « vainqueur » dans le livre de l'Apocalypse n'est que le fruit mûr et complet de l'œuvre du Christ sur la croix ; il n'est que le Christ dans sa manifestation et son expression les plus complètes. Les vainqueurs sont rendus possibles parce que le Christ est « la puissance de Dieu ». Tout comme au commencement du salut, tout est lié à l'Agneau immolé et au sang de l'Agneau dans son accomplissement triomphal.
Personne ne devrait enseigner une doctrine particulière sur les « vainqueurs », car c'est ce que Dieu a voulu que le Calvaire signifie pour chaque croyant. Dieu avait en tête la victoire spirituelle lorsqu'Il nous a pardonné nos péchés pour la première fois, et dans Son esprit, cela doit être le développement normal de la vie de chaque chrétien. Cependant, chaque pas en avant est lié à la croix, et dans un certain sens, il n'y a pas un seul pas en avant dans la vie spirituelle qui ne soit précédé d'un pas en arrière. Ce que je veux dire, c'est qu'il doit y avoir une certaine destruction avant qu'il puisse y avoir une reconstruction. Le Christ qui est la puissance de Dieu pour nous est le Christ crucifié qui applique progressivement la croix à nous aussi, afin que, libérés de la chair qui nous retient, nous puissions avancer dans le domaine de l'Esprit. Le progrès spirituel n'est donc pas conditionné par un enseignement particulier, mais par des expériences toujours plus profondes de l'œuvre de la croix du Christ.
Cela étant vrai, nous devons reconnaître que tout est lié à la Personne et ne doit jamais être considéré comme une simple vérité spirituelle. Tout est lié à Lui. C'est le Christ qui est la puissance de Dieu - Jésus-Christ et Lui crucifié. Cela explique l'œuvre de l'Évangile, qui est assurément que le Christ crucifié est révélé dans le cœur du pécheur qui croit. Nous ne sommes pas des prédicateurs de l'Évangile parce que nous avons lu quelque part les faits historiques que le Christ a été crucifié, ressuscité des morts et monté au ciel, mais parce que Dieu nous a révélé non seulement des faits, mais une Personne en relation avec les faits et les faits en relation avec la Personne. Cela me ramène donc à ce que j'ai dit au début, à savoir que la vie de lutte et d'échec dans nos propres efforts est en réalité due à notre incapacité à apprécier la merveille et la puissance du Christ crucifié.
Lorsque le Saint-Esprit vient dans nos cœurs, il apporte le Christ dans la plénitude de Son œuvre accomplie sur la croix, puis Il procède progressivement à nous rendre conformes au Christ. Réalisez-vous que le Christ en vous n'est pas un Christ imparfait ? Lorsque le Seigneur Jésus a accompli Son œuvre au Calvaire, Il n'a pas seulement traité la question du pardon, mais Il est allé jusqu'à la perfection de la rédemption, atteignant finalement le trône en tant que grand Vainqueur. En lui, la Personne, tout le fondement de l'expérience spirituelle est couvert et accompli. Il n'y a aucune expérience qui puisse jamais vous arriver, à vous ou à moi, qui rende impossible l'atteinte du but de Dieu, car le Christ l'a déjà rencontrée et vaincue. Nous ne devons donc pas lutter en vain pour atteindre la perfection, mais coopérer avec le Saint-Esprit qui cherche à accomplir en nous la puissance de l'œuvre accomplie par le Christ sur la croix. C'est Christ en vous qui est l'espérance de la gloire. Tout ce qui est moins ou autre n'apporte aucune espérance de gloire, mais plutôt le désespoir.
Je voudrais conclure par ce rappel positif que le Saint-Esprit a été chargé et a accepté la pleine responsabilité de nous rendre conformes à Christ. Mais nous devons reconnaître que la puissance en relation avec le Saint-Esprit n'est pas seulement une force impersonnelle, mais qu'elle est vitalement liée à Christ, et en particulier sur la base de la croix. Pour nous, la puissance du Saint-Esprit est indissociable de la personne de Jésus-Christ et dépend de notre volonté d'accepter les implications de l'union avec Lui dans Sa croix. Lorsque le Seigneur discutait de cette croix avec Moïse et Élie sur le mont de la Transfiguration, le mot traduit par « mort » devrait en réalité être « exode » (Luc 9:31). Nous pouvons donc sans aucun doute affirmer que la croix du Christ est une délivrance, une issue. C'est l'issue de la condamnation, une vérité élémentaire pour le chrétien, mais néanmoins précieuse et importante. C'est l'issue du pouvoir du péché. Comment puis-je échapper à l'esclavage du péché qui me menace et cherche encore à me réduire en esclavage, même si je suis un pécheur pardonné ? Seule l'union avec le Seigneur Jésus par la mort, car c'est sa mort qui a rendu possible l'échappatoire, l'exode pour tous ceux qui ont confiance en lui. Une telle confiance implique l'appropriation par la foi de la puissance de cette mort, telle que le Saint-Esprit me la fait découvrir de manière pratique.
De plus, nous remarquons que les Écritures disent que Jésus a accompli cet exode. C'était un accomplissement de Sa part, quelque chose qu'Il a réalisé. Lorsque nous reconnaissons que telle est la nature de cette mort, nous en arrivons à une conception différente de celle selon laquelle Il a simplement été tué, crucifié par les hommes, et nous réalisons qu'il s'agit d'une œuvre puissante qu'Il a accomplie. Il a volontairement pris sur Lui tous les pouvoirs qui produisent les échecs, les défaites et l'esclavage de l'homme, puis Il les a tous brisés et a accompli une issue parfaite par Sa mort triomphante sur la croix. Il nous appartient donc de reconnaître que tous nos problèmes et tous nos ennemis ont été traités par le Seigneur Jésus sur sa croix. Le Saint-Esprit nous est donné comme l'Esprit de Sa victoire triomphante, plein d'énergie et de puissance pour amener nos faiblesses persistantes dans la tombe où Christ les a amenées, afin que nous soyons libérés pour la volonté de Dieu. Je ne peux pas maîtriser mes péchés, mais Christ l'a fait, et Il peut m'attirer dans la puissance de Sa mort libératrice. Je peux revendiquer ma part dans l'exode. Et il ne s'agit pas simplement d'entrer dans la lumière d'une nouvelle doctrine, mais de partager la puissance d'une Personne. Cela fait toute la différence que nous essayions de faire face à nos problèmes par la doctrine ou par la puissance de cette Personne.
La mort du Christ est aussi le moyen de sortir de l'esclavage de la loi. On peut avoir une loi Chrétienne tout autant qu'on peut avoir la loi mosaïque ; on peut être esclave de la Chrétienté tout autant que les hommes l'étaient du judaïsme. Le Christianisme peut être transformé en un système imposé tout autant que la loi mosaïque, et il y a aujourd'hui de nombreux Chrétiens qui vivent dans la crainte des « tu dois » et des « tu ne dois pas » d'une conception légaliste de la vie Chrétienne. Vous pouvez prendre la Bible comme norme de vie et essayer de la respecter tout en restant accablé par un sentiment constant d'échec. C'est la norme de Dieu, et c'est une norme très exhaustive qui ne laisse aucun aspect de la vie pratique inchangé, mais ceux qui s'efforcent de la respecter finissent par être déçus. Non, il ne s'agit pas seulement d'un Livre, mais d'une Personne, la Personne qui a respecté cette norme, accomplissant absolument chaque exigence la plus minime avec le succès le plus parfait, satisfaisant ainsi pleinement Dieu. Par Sa mort, Il nous a délivrés de l'esclavage des exigences légales. Cette même Personne vit maintenant en nous par Son Saint-Esprit, cherchant à accomplir la volonté parfaite de Dieu, non pas sur la base d'instructions contraignantes venant de l'extérieur, mais comme une force vivante à l'intérieur. Nous avons la loi écrite dans nos cœurs. Être en Christ est une question de vie et non de légalisme.
Christ, et Christ crucifié, est la puissance de Dieu qui nous délivre du péché, de la chair, de la loi et du monde. « Loin de moi la pensée de me glorifier dans la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, à laquelle le monde est crucifié pour moi, comme je le suis pour le monde » (Galates 6:14). Paul ne se glorifiait pas de pouvoir profiter autant du monde tout en ayant une conscience claire, mais il était enthousiaste d'avoir été délivré du monde. Pour les croyants, la seule façon possible de rester dans ce monde est de savoir qu'ils n'y appartiennent plus. Non pas que nous puissions nous délivrer nous-mêmes. Non, c'est beaucoup trop fort pour nous. Mais dans ce domaine, comme dans tous les autres, la croix du Christ nous a ouvert une voie. Hélas, certains Chrétiens semblent vouloir s'accrocher autant que possible au monde sans perdre leur tranquillité d'esprit, renonçant au minimum et s'accrochant à tout ce qu'ils peuvent sans trop troubler leur conscience. Ce n'est pas une vie puissante, ni glorieuse. La gloire de la véritable communion avec le Christ crucifié est la riche satisfaction de ceux qui connaissent la puissance libératrice du Christ et la nouvelle plénitude de la vie dans la volonté de Dieu.
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